La planète des polissons

J'ai le souvenir d'une prof de physique-chimie de 4ème/3ème , une sorte de grand cheval, coiffée d'un chignon " toujours bien coiffé ",
et qui ponctuait toutes ses phrases d'un tonitruant " oui ou naon !!! "

et la classe, dans un coeur parfait, répondait : "ouiouiouiouiouiouiouioui !!!!!! "

une vraie terreur !!!

.

ne le répétez pas , je vais être déconsidéré par ma descendance

En 6° et 5°, nous étions détachés du lycée ( oui , à l'époque il y avait
toutes les classes , du CP à la terminale dans le même établissement )
dans une ancienne école qui servait d'annexe . Elle était tout au
bout du faubourg , pratiquement dans la nature Sur la route bucolique
qui y montait mes camarades et moi , nous chassions tout ce qui
ressemblait à des sauterelles . Arrivés à l'annexe on allait rapidement
enfermer notre chasse dans le tiroir du prof de français
J'ai un peu de remords , c'était un brave type surnommé Topaze ,
le nez plus dans sa littérature que dans la pédagogie
Quand il ouvrait son tiroir , il faisait naître un bouquet de sauterelles ,
à notre plus grand bonheur , et le calme ne revenait que lorsque la
dernière sauterelle était évacuée par la fenêtre ouverte

C'est l'histoire d'une institutrice de dernière année de maternelle,
au milieu de janvier, le mois le plus dur pour tout le monde...
Un des gamins lui demande de l'aide pour mettre ses bottes pour aller
en récréation et, en effet, elles sont vraiment difficiles à enfiler.
Après avoir poussé, tiré, re-poussé et tiré dans tous les sens, les
bottes sont enfin chaussées et le gamin dit :

" Elles sont à l'envers, maîtresse ".

La maîtresse attrape un coup de chaud quand elle s'aperçoit qu'en
effet il y a eu inversion des pieds...
Bref, nouvelle galère pour les enlever et rebelote pour les remettre
mais elle réussit à garder son calme jusqu'à ce que les bottes soient
rechaussées, aux bons pieds.
Et là le gamin lui dit avec toute la candeur qui caractérise les
enfants :

" C'est pas mes bottes ".

A ce moment, elle fait un gros effort pour ne pas lui mettre une
baffe, fait un tour sur elle-même en se mordant les lèvres, se calme
et lui demande pourquoi il ne l'a pas dit avant...
Comme le gamin voit bien qu'il a contrarié sa maîtresse, il ne répond
pas. Elle dit alors :

" Bon, allez, on les enlève " et elle se met à nouveau au boulot.

Le deuxième pied est presque sorti quand le gamin poursuit :

" C'est pas mes bottes, c'est celles de mon frère, mais maman a dit
que je dois les mettre ".

Là, elle a envie de pleurer mais, une nouvelle fois, elle se calme et
entreprend de lui re-re-re mettre ses bottes.
L'opération est enfin réussie et la maîtresse se sent fière d'avoir
réussi et surtout d'avoir gardé son calme.
elle l'aide à enfiler son manteau, lui met son cache-nez et lui demande :

" Où sont tes gants? ".

Et le gamin de répondre le plus simplement du monde :

" Dans mes bottes ! "


(l'histoire ne dit pas si la maîtresse est allée au bout de son devoir ! )